Des pilotes menacent de ne plus voler sur les A330 tant que les capteurs de vitesse Pitot n'ont pas été remplacés. Air France promet de les changer «d'ici quelques jours».
Source:
Le Figaro.Évoqué parmi les causes possibles du crash de l'AF 447 d'Air France, dans lequel 228 personnes ont trouvé la mort le 1er juin dernier, un éventuel dysfonctionnement des sondes Pitot alimente désormais la polémique au sein même de la compagnie. Depuis quelques années, certains transporteurs aériens ont procédé au remplacement de ces capteurs de vitesse par des modèles plus récents.
Lundi, le syndicat Alter - minoritaire - a adressé une «consigne» à tous les pilotes d'Air France, leur conseillant de ne pas prendre les commandes d'un Airbus 330 ou 340 dont «deux sondes au moins n'auraient pas été modifiées». Sans préjuger du lien avec le crash du vol Rio-Paris, le syndicat assure qu'il existe «un risque réel de perte de contrôle d'un Airbus» en cas de panne de ces petits tubes, placés à l'avant de l'appareil pour calculer la vitesse de l'avion. Mardi, Air France a soumis aux pilotes un «calendrier de remplacement» en quelques jours .
En septembre 2007, Airbus avait conseillé aux compagnies aériennes de remplacer ces sondes Pitot sur leur flotte d'A 320, A 330 et A 340. «Des informations concernant des fausses indications de vitesse nous avaient été signalées, explique un porte-parole d'Airbus. Dans un souci d'amélioration de performance, nous avons émis une recommandation de mise à jour, et non un bulletin obligatoire parce que la sécurité n'était pas en jeu.»
De multiples incidents, sans conséquences graves, ont ainsi été observés depuis 1995. En 2001, une série d'anomalies a d'ailleurs conduit la Direction générale de l'aviation civile à imposer des réparations, sous peine de prononcer l'inaptitude des avions concernés. Les compagnies devaient impérativement remplacer les Pitot de type Rosemount par des modèles de dernière génération. La mesure était justifiée par «des cas de pertes ou de fluctuations d'indications de vitesse dans des conditions météorologiques sévères». Ces pannes étaient imputées à «la présence de cristaux de glace et/ou d'eau dans les sondes».
Une série d'anomalies
Depuis, le problème semble s'être présenté à nouveau avec les sondes plus récentes. L'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), désormais responsable de la certification, n'a pas jugé utile d'ordonner la mise à jour du système. Des incidents, toujours bénins, lui ont pourtant été signalés. Fin 2008, un A 340 d'Air France en provenance de Tokyo a notamment subi des anomalies - vitesse incohérente, pilote automatique désactivé - vraisemblablement dues à l'obstruction des Pitot par de la glace.
Après avoir connu des dysfonctionnements en vol, certaines compagnies aériennes ont pris la décision, en 2008, de remplacer leurs capteurs de vitesse défectueux par des modèles plus sûrs. «Cette opération n'est ni longue ni coûteuse, mais elle suppose un délai pour obtenir la pièce», confie l'une de ses compagnies. De son côté, Air France a engagé un programme de remplacement le 27 avril dernier, après avoir à son tour observé «un nombre significatif d'incidents» lors de vols en haute altitude, à partir de mai 2008. Ayant accéléré ce chantier à la suite de l'accident, la compagnie a précisé hier que tous ses A 330 et A 340 étaient désormais «équipés d'au moins un Pitot dernière génération». Lundi, US Airways a indiqué avoir elle aussi entrepris la modification sur ses neuf appareils. L'AESA doit annoncer dans les prochains jours de nouvelles mesures de précaution sur les Pitot et sur la conduite à tenir en cas de défaillance. Actuellement, 600 Airbus A 330 sont en circulation et 400 font l'objet de commandes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire